On est arrivé au Chili par la Patagonie, au sud de ce pays tout en longueur. Drôle de changement d’ambiance après des mois essentiellement en Asie !
Voyage temporel
Le vol qui nous a fait passer d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, jusqu’à Santiago, au Chili, a une propriété intéressante : il a fait de nous des voyageurs temporels.
Nous sommes en effet partis le 4 février à 18h et nous sommes arrivés le même jour à 14h. Ca fait tout drôle. L’astuce ? En volant vers l’Est, nous avons franchi la ligne de séparation de date.
Ca vous rappelle peut-être Le tour du monde en 80 jours, de Jules Verne, où Phileas Fog gagne son pari de faire le tour du monde en temps limité grâce à un jour supplémentaire obtenu ainsi, sans qu’il fasse attention. Il se trouve que l’équipage de Magellan aussi avait eu le problème : lorsqu’ils ont réalisé le premier tour du monde en 1521, ils n’arrivaient pas à comprendre la différence d’une journée qu’il y avait entre les carnets de bord, rigoureusement tenus, et la date en espagne.
La réalité de cette expérience est moins cool que le laisse supposer les bouquins de science fiction ! En plus des nombreuses heures de vol, nous étions explosés par les 8h de différence horaire et nous n’avons pas vraiment profité de cette seconde journée vécue deux fois.
Punta Arenas
Punta Arenas est une ville tristounette au sud du Chili, en Patagonie. Il fait assez souvent gris et venteux. Même quand il fait beau, on dirait qu’il fait moche !
Si ça souffle, c’est car on est à 50° de latitude sud, pas loin des fameux 50èmes hurlants, ces fameux vents qui déchainent, entre autre, les eaux du Cap Horn.
C’est le plus au sud que nous serons durant ce voyage, mais pas le plus au sud que l’on puisse faire : on peut prendre un bateau jusqu’à Puerto Williams, qui est la ville la plus au sud du Monde (ce n’est pas ce que nous ferons. Parmi les éléments qui nous ont dissuadés, on peut citer la trentaine d’heures de ferry).
Pas de doute, on est en amérique du Sud : au centre de la ville trône une place d’arme et un peu partout, il y a des autels à la vierge.
La ville est le long de la côte, dans le détroit de Magellan.
Magellan (Magallanes est une nom de rue courant, mais il était portugais et s’appelait en fait Fernão de Magalhães). L’ explorateur a participé au premier tour du monde de l’histoire, commencé en 1519 et achevé en 1522. Le but était de partir vers les amériques, les contourner par le Sud (par ce qu’on a par la suite appelé Cap Horn), et atteindre les philippines, puis revenir au point de départ. Plus que la prouesse technique, le but était surtout de trouver une nouvelle route commerciale.
Je dis bien participé et non achever, car il est mort en 1521 aux Philippines… comme la majorité de son équipage, à un moment où un autre du trajet. D’ailleurs, l’océan Pacifique s’appelle ainsi car après le car Horn, les marins ont trouvé la mer tellement calme qu’ils ont nommé l’océan ainsi. Et s’ils ont continué la route, c’était par peur de devoir franchir à nouveau le cap Horn pour rentrer !
Le cimetière
Un des trucs pas banals de Punta Arenas, c’est son cimetière. Quand on nous a dit d’aller le visiter, ça nous a pas mal surpris, on ne s’imaginait pas qu’un cimitière puisse être une attraction. Hé bien au Chili, si.
Les tombes sont bien décorées et entretenues, mais surtout, c’est l’usine. On vit dans l’au-dela comme durant la vie terrestre : les pauvres crèvent dans la misère et les riches dans l’opulence. Ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une tombe sont entreposés dans des caveaux empilés les uns par dessus les autres, parfois sur plusieurs étages. Les plus fortunés ont des caveaux pour toute la famille.
Pour décorer, on triche un peu, on met des fleurs en plastique, après tout, de loin ca rend pareil 🙂 Il y a même certaines périodes où l’on vient décorer le cimetière. A noël, par exemple, on amene des maquettes de sapins, de bonhommes de neige, etc.
Les manchots du détroit de Magellan
Dans le détroit de Magellan se trouve la réserve de l’île de Magellan où l’on peut observer les manchots de Magellan. On fait le trajet en ferry, où il est possible d’observer des dauphins… de Magellan. Ya comme une tendance, dans le secteur.
Nous n’avons pas vu les dauphins, par contre nous avons bien vu les manchots : après 2h de ferry, nous sommes descendus passer une heure sur l’île. C’est incroyable, on est entouré de manchots à seulement quelques mètres. Ils n’ont pas l’air d’être dérangés par notre présence (mais bien sûr qu’ils le sont) et vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était. Il y a un chemin bien balisé pour les visites, hors de question d’en sortir, par contre il n’est pas rare de piler pour laisser traverser un manchot !
On est tout prêt du lieu où ils viennent pondre leurs oeufs. Les manchots cette espèce se retrouve tous les ans sur cette île en particulier. Ils vivent en couples : s’ils trouvent quelqu’un avec qui pondre un oeuf et qu’il éclot, ils resteront ensemble et reviendront l’année suivante, pour refaire un oeuf au même endroit. Si l’oeuf se casse où si le bébé meurt, ils se séparent et recommencent leur vie chacun de leur côté.
On a du coup découvert qu’il s’agit de manchots et non de pingouins (ce qui vaut aussi pour les machins qu’on avait vu en Nouvelle-Zélande). Pingouins et manchots sont deux espèces bien distinctes. Les pingouins sont presque disparus. Quand aux manchots, ils ne volent plus et se sont bien adaptés à la vie aquatique. C’est particulièrement traitre car en espagnol, pingüino signifie manchot, en anglais, pinguin signifie manchot, et ainsi de suite dans plein de langues européennes.
Arriver en amérique du Sud
Arriver en Amérique du Sud après avoir passé la majeure partie de notre voyage en asie, c’est un drôle de choc, il y a quelques éléments qui nous ont surpris.
Dès l’aéroport, on a compris qu’on était plus en Asie ! ici les gens se roulent bruyament d’immenses galoches sans que ça surprenne personne, ce qui absolument inimaginable dans la plupart des pays d’Asie, bien plus timide vis à vis des signes d’affection en public. En Chine par exemple, les règles sociales autorisent les couples à se tenir par la main dans la rue mais pas à s’embrasser en public.
Les horaires ! Il y a des gros trous de pause dans l’après midi. Par exemple un musée qu’on voulait voir était fermé de 13h à 16h, puis réouvre à partir de 16 et jusqu’à 20h. Pas mal d’endroits sont comme ça. Le dimanche, pas grand chose n’est ouvert…Ici, au contraire de l’Asie qui ne s’arrête jamais, il faut surveiller la date sous peine de devoir changer ses plans !
Autre élément du choc, c’est qu’ici on est redevenu piéton. Et ici, être piéton, c’est pas pratique. En Asie il y avait des épiceries tous les deux mètres, on pouvait acheter ce qu’on voulait sans vraiment y penser. Ici, le premier truc pour faire des courses est un supermarché à 20 minutes de notre hotel. On fait le trajet une fois dans la journée mais pas deux.
Être piéton
Dans la plupart des coins ici, ce qui est pratique, c’est d’avoir sa voiture pour voir ce qu’on veut. Ici ça ressemble énormément à l’Europe, et le pays n’est franchement pas fait pour se déplacer d’endroits en endroits en bus ou train… imaginez faire ça en france, c’est possible mais très limitant niveau capacité d’exploration. Louer un van est bien hors de notre budget.
On a envisagé d’acheter une voiture : après tout, nous sommes là pour 4 mois, si on peut la revendre en partant avec une petite décôte cela n’aura eu qu’un impact minimal sur notre budget mais nous aura permis de voir plein de choses.
Punta Arenas est tout petit (~100000 habitants), on s’est dit que le marché de l’occasion doit pas être fou. On est pas loin de l’Argentine, pourquoi ne pas acheter une voiture là bas ? Selon ce blog d’expatiés c’est une très mauvaise idée. EN argentine, il semble ne pas y avoir de décôte et donc, une voiture vaut le même prix quelque soit son âge. On peut donc acheter une épave le prix du neuf, qu’il sera impossible de revendre sans immenses pertes dans un autre pays.
On s’est donc dit que si on ne trouve rien ici, on peut toujours attendre d’être à Santiago… mais là non plus, il ne faut pas y compter. Selon ces autres expats, revendre une voiture Chilienne hors du Chili sans être soi même chilien est assez compliqué : en plus de 2-3 détails administratifs potentiellement pénibles (comme obtenir un numéro d’identité chilien, le RUT), il n’est possible de revendre une voiture chilienne hors du Chili qu’à des gens qui ne sont PAS d’amérique du Sud… donc uniquement des expat’ ou des voyageurs, un marché assez restreint et difficile à contacter. On a donc laissé tomber.
Puerto varas
Puerto Varas, dans la région des lacs, est célèbre pour ses deu volcans, l’Osorno et le Cabuco. Ils sont situés de l’autre côté du lac Llanquihue, où il fait bon profiter de l’été : rapellez-vous, nous sommes toujours dans l’hémisphère Sud. On peut y faire du kayak, ou simplement au bord de l’eau. Malheureusement pour nous, la région est également célèbre pour son mauvais temps légendaire, et nous n’avons vu les deu volcans qu’à de rares occasions.
Mais quand on les voit, wouah ! Les deux titans dominent le coin de leur présence. Ce sont des volcans actifs. La dernière explosion à ce jour du Cabuco remonte à… avril 2015. Le volcan avait projeté dans les airs une colonne de fumée de 10km. Aujourd’hui, on peut randonner sur ses flancs, en marchant dans des cendres.
Pas très loin se trouve un certain nombre d’autres villes qui bordent le lac Llanquihue : Frutillar, Petrohue… où l’on peut aller en bus publics.
S’adapter au style de vie chilien n’a pas été facile. Dans l’auberge où nous sommes restés, les chiliens ont été fidèles à la réputation de fétards des sud-américains : c’est la fête tous les soirs. Un soir, on a cru qu’il n’y aurait rien, car après tout, c’était dimanche. Mais non, il était juste trop tôt ! Vers 21h30, on commence à préparer à manger, vers 22H30, les gens commencent à arriver, et jusqu’à au moins 1H du matin on met la musique à fond juste en dessous des dortoirs. On aurait bien eu envie de faire remarquer aux proprios que c’est compliqué de dormir… mais c’est eux qui invitent leurs potes tous les soirs.
Que ce soit à Punta Arenas ou Puerto Varas, il y a tant de choses à faire: cela s’étale sur plusieurs centaines de kilomètres et les régions sont bourrés de parcs naturels. Le plus courant depuis Punta Arenas, c’est d’aller faire le trek du Torres del paine, 5 jours de rando à travers les montagnes. On peut aller à Ushuaia ou, plus au sud encore, Puerto Williams où là aussi, il y a plein de randos sympa. Comapa (l’agence qui nous a emmené en bateau voir les manchots) propose aussi des trajets en antarctique. Pour ceux qui rêvent d’y aller, commencez dès maintenant à faire des heures sup’ : à 5500$ les 3j, ce n’est pas accessible à tous. On peut aussi grimper plusieurs volcans (en dilettante ou pour certains, avec piolets et escalade de glace), ou plus simplement se balader dans les lacs ou aller explorer l’atmosphère particulière de l’île de Chiloé… Ce qui nous a dissuadé c’est surtout la fatigue : après avoir couru dans tous les sens en Nouvelle-Zélande, on avait besoin de 10-15 jours pour récupérer. Nous n’avions absolument aucune envie d’enchainer avec plusieurs jours de randonnée. La Patagonie fait partie des (nombreux !) endroits où il nous faudra retourner un jour…