Après plusieurs jours de randonnée à Huaraz, comment bien récupérer de la fatigue musculaire et des courbatures ? Parmi toutes les solutions possibles, on a essayé « Passer la nuit dans un bus, finir la nuit dans un hall d’attente puis passer la journée du lendemain dans un second bus » et c’est clairement pas la solution idéale. Mais ça nous a emmené jusqu’à Piura, la dernière étape de notre trajet avant d’entrer en Equateur.
Histoires de bus et de coco
Huaraz -> Trujillo nous a donc fait passer de 3000m d’altitude à celui du niveau de la mer en environ 3h et c’est plutôt fatiguant. Le bus nous a déposé à 4h30 du matin, plus tôt qu’on l’imaginait. On a fini la nuit sur les bancs de la gare de bus avant de reprendre un bus pour Piura vers 9h du matin. 6h de trajet supplémentaire.
Au départ notre idée était de ne pas s’arrêter et d’enchainer immédiatement avec un bus de nuit Piura -> Loja, mais on s’est dit qu’on avait déjà bien sollicité nos organismes et que c’était pas la peine d’arriver épuisés en Equateur. On a passé la nuit à Piura, ville où l’hébergement est étonnament cher pour le Pérou. Partout ailleurs, même dans les coin touristiques nous n’avons jamais payé plus de 60 soles (~15€) pour une nuit, et là des trucs miteux ne descendaient pas en dessous du double. Comme tout le monde le dit, il n’y a rien à faire de particulier à Piura, à part profiter d’une ville qui appartient aux Péruviens.
On a fait le trajet Piura -> Loja le lendemain. Des décors de déserts, du sable, rien à voir avec la cordillère où on a passé presque 10j. un écran obligatoire affiche des infos comme l’heure, la vitesse et la température. On crève de chaud, et on constate qu’il fait plus de 35 dans le bus et la température n’arrête pas de monter. A un moment comme tant d’autre, le chauffeur s’arrête. Cette fois ci, ce n’est pas pour ramasser des gens : il s’offre une pause. En regardant par la fenêtre, on le voit commander une noix de coco dans l’un des stands qui donne sur la rue. Ni une, ni deux, tout le monde s’écrit « mets en une pour moi aussi » « une autre » « j’en prends une ! ». Incroyable plaisir que de siroter le lait d’une coco glacée, directement dans le fruit, alors qu’on subit la chaleur.
Et quand on l’a terminée, on vérifie bien qu’il n’y a pas de danger et comme tous les autres, on la jette par la fenêtre.
Etape à Loja
On a fait étape quelques jours à Loja, une petite ville pas palpitante. On a fait un tour au parc national du Podocarpus, mais on s’est pris des trombes d’eau. A cause de la pluie, on a vu peut-être 3 oiseaux, alors qu’il y a plusieurs centaines espèces…
Cuenca
Après le chaos de klaxons des villes péruviennes, se balader en Equateur est apaisant. Au début, on ne comprenait pas ce qui avait changé, mais rapidement, on a compris : ici, on ne klaxonne pas à tout bout de champ !
Les rues sont également plus propres ici qu’au Pérou, les gens n’ont plus ces visages caractéristiques des Andes… En plus de tous ces changements, la ville de Cuenca rappelle pas mal… Paris ! Là où nous étions hébergés, pas loin de la Calle Larga, il y a tout un tas de bars lounge et de restaurants branchés qui proposent de la cuisine de partout dans le monde.
La ville de Cuenca est une ancienne ville coloniale. La majorité des bâtiments font moins de 3 ou 4 étages et c’est agréable de voir le ciel. Dans le centre historique, il reste un grand nombre de bâtiments historiques bien conservés. On a passer des heures à simplement déambuler dans les rues.
Cuenca nous a parue bourrée d’expatriés, bien plus que n’importe quelle autre ville sud-américaine que nous ayons traversé jusqu’ici. A en croire la grande quantité de sites pour expat’ à Cuenca (guide pour aider à s’installer, sites d’actu sur les activités à y faire, etc), ce n’est pas qu’une impression. Un article du Huffington Post de 2013 se demande d’ailleurs si ce ne serait pas la nouvelle mecque des expatriés. Beau décors de campagne, histoire et culture faciles d’accès, parc national à moins d’une heure, ville calme, transport abordables depuis la capitale Quito (10h de bus quand même), peu de décalage horaire avec les US, dollar en usage depuis 2007… autant de raisons qui poussent les nord-américain à déménager en Equateur, et notamment dans cette ville.
Les célèbres Panama
La région autour de Cuenca est célèbre pour sa fabrication artisanale d’un célèbre chapeau : le panama. Mais siiii, vous savez, le chapeau d’Humphrey Bogart dans Casablanca !
Si le panama est fabriqué ici et non au Panama, c’est car, durant la construction du canal, de 1880 à 1914, c’est les équatoriens qui fabriquaient les chapeaux des ouvriers. Les occidentaux qui les portaient n’en connaissaient pas l’origine, et les appelaient « Panama hat ». Le nom est resté.
On peut observer sa fabrication dans le musée Barranco, un des plus célèbres chapeliers de ce style. Certains de leurs chapeaux les plus fins représentent des mois de travail et se vendent jusqu’à 1000$ !
Le tressage se fait dans les villes alentours, où l’on fait pousser des palmes, comme par exemple Sigsig ou Montecristi. Cela se fait à la main et on peut croiser des gens qui tressent dans la rue. Le tressage d’un chapeau prend environ une journée, et est rémunéré environ 2$.
L’usine de Barranco à Cuenca reçoit ainsi des chapeaux très grossiers, seul le tressage est fait. Eux s’occupent de le rendre élégant : ils enlèvent ce qui dépasse, ajustent la taille, font la mise en forme. Ils font également les finitions, comme ajouter une bande de tissu ou teindre les fibres.
Les bains
A Baños, 8km au sud-ouest de Cuenca, (20-25mn de bus avec les lignes 12 ou 100) propose tout un tas de thermes, spa et autres lieux de détente/bien-être. Tous exploitent une faille géologique qui fait 400m de long sur 10m de large, plonge à 4km, et produit à la surface de la vapeur à une température de 75°. Comme on ne savait pas lequel choisir, on a suivi l’avis d’une expat : aller, tôt le matin, à « Piedras de Agua ». Arriver avant 8h permet d’avoir -50%, et venir le matin en semaine permet aussi d’être les seuls sur les lieux.
On a fait le programme spa, qu’on peut décrire comme une recette de cuisine :
- Mettez les ingrédients 15mn à la vapeur dans les bains turc. Ca ouvre les pores, évacue les toxines. La vapeur, chargée en eucalyptus, nettoie les voies respiratoires.
- Arrêtez la cuisson en passant les ingrédients sous l’eau froide.
- re-mettez les ingrédients 15 minutes aux bain turc.
- Passez les ingrédients au bain de boue rouge. Enduisez les de boue jusqu’à ce qu’il n’y ait un bout de peau qui soit de sa couleur normale. Quand c’est sec et que la boue craquelle, rincez à l’eau claire. Ce soin plein de minéraux a plein de qualités réparatrices/régénératrices/etc. pour la peau.
- Effectuez la même opération avec le bain de boue bleue. Pareil mais plus exfoliant.
- Passez les ingrédients à la « cocotte minute ». C’est une boite où seule la tête dépasse, le corps est soumis à de la vapeur dont l’ingrédient peut contrôler le débit. Ca ressemble à un instrument de torture, mais à en croire le centre, ça améliore la circulation sanguine, nettoie les peaux mortes, réduit le cholestérol…
On a finit la matinée-recette par plusieurs piscines aux températures variées, presque tout seuls dans le complexe.