On est entré en Bolivie depuis San Pedro d’Atacama, via 3 jours en 4×4 pour aller sur le Salar d’Uyuni. Un road trip génial, super, fantastique. Comme à San Pedro d’Atacama, les décors sont à tomber par terre. Et pourtant, ca pourrait paraître lassant on nous a amené devant un nombre de lagunes considérables et nous avons bien souffert à cause de l’altitude (on est entre 4 à 5000m). Dans ce article on va faire le tour des curiosités géologiques qui valaient le coup, et la liste est longue !
Tour organisé
Pour aller à Uyuni depuis San Pedro d’Atacama, le plus simple, c’est de passer par une agence. Il y a des départs tous les jours ou presque et on ne peut rien discuter : ni l’itinéraire, ni la durée ou le rythme, ni le prix. C’est 3 jours et deux nuits pour aller de San Pedro à Uyuni, 4 si on souhaite retourner à San Pedro.
Et alors autant je trouve que les 4×4 c’est un truc de kéké pour les 90% de personnes qui n’en ont pas de réelle utilité, mais maintenant on sait qu’il y a au moins deux endroits où c’est plus qu’utile. Il y avait la mongolie, maintenant on sait qu’il y a le désert d’Uyuni. Pas de route, que des chemins bossus plein nids de poule et de petits rochers, parfois des guets, du sable ou des surfaces dans lesquelles on s’enfonce… Ce n’est pas un itinéraire qui s’improvise et dès le départ on a été content d’avoir un chauffeur.
Frontière
La balade commence pour nous au Chili depuis San Pedro d’Atacama, mais toute la partie intéressante se trouve en Bolivie après 2H de trajet pour atteindre la frontière.
En quittant le chili, on se rend compte que le coin est plus que touristique, et que notre voyage n’a pas grand chose d’original : entre 70 et 100 personnes font tamponner leur passeport Chilien à la douane pour faire le même itinéraire que nous. Avec notre agence, nous ferons le voyage avec 4 4×4 (24 personnes + 4 chauffeurs). C’est plutôt une bonne chose car les 4×4 se sont toujours suivi, pour simplifier la gestion des éventuels problèmes mécaniques.
On passe la frontière vers la bolivienne à 4500m et on se caille. Le poste frontière est une ridicule guerrite sans barrière autour de laquelle tout le monde prend son petit déj.
Une franco-américaine de notre groupe n’arrive pas à faire tamponner son passeport francais pour entrer dans le pays. Les douaniers veulent tamponner l’américain car, contrairement aux français, les citoyens américains doivent payer 160$ de frais de réciprocité. 20$ sous la table plus tard l’histoire est oubliée et l’aventure commence.
Laguna blanca
Quelques minutes après être parti, on commence déjà à en prendre plein les yeux à la lagune blanche.
C’est une lagune où l’on peut voir de superbes réflexions des montagnes dans l’eau. L’eau est blanche à cause de la présence de borax. Qu’est ce que c’est ? « une espèce minérale de borate de sodium hydraté, de formule brute Na2B4O7•10H2O ». Ha ben vous vouliez savoir… en gros ça sert pour la fayence
Laguna verde
A 4350m, la lagune verte change de couleur dans la journée. Avec le soleil et le vent, on la voit devenir très verte en l’espace d’une heure, c’est très impressionnant. La couleur verte est dûe à la présence de cuivre dans l’eau. On est juste à côté du volcan Licancabur, un 6000 dont on voyait la face opposée depuis San Pedro.
Au début, il n’y a pas de réflexions vertes
30 minutes plus tard, par un phénomène optique l’eau a changé de teinte.
Rocas de Dali
Quelque part plus loin, on arrive sur des décors colorés qui rappellent les peintures surréalistes de Dali, en particulier à cause de la présence d’un groupe de rochers au milieu de nulle part . Quelques dégradés de couleurs ! Quels superbes oranges !
Eaux thermales
Vers 4300m, il y a des eaux thermales, réchauffées par l’activité du volcan Putana (oui, vraiment). Les couleurs de la laguna negra – décidément ils se sont pas emmerdés pour les noms – sont elles aussi dingues : du bleu, du orange, du blanc…
On se baigne dans une fosse à touriste dans une eau à environ 38°… une activité assez original à cette altitude !
Altitude
On a passé une bonne partie de la journée à plus de 4000m d’altitude, en montant assez rapidement depuis San Pedro (à 2000m d’altitude). A la fin de la journée nous étions à 4900m, soit plus de 3000m de dénivellé positif en quelques heures. Il est généralement déconseillé de faire des variations de plus de 500m en une seule journée, et donc le corps n’a pas le temps de s’acclimater à la différence d’altitude.
En conséquence, tout le monde ressent plus ou moins les effets du mal des montagne. On a tous un léger mal de crane, certains ont des pertes d’appétit… dans notre groupe une fille a passé la soirée allongée, épuisée.
Pour lutter contre le mal des montagnes, il y a plusieurs solutions. Le paracétamol peut tenter de faire passer le mal de tête et les boissons gazeuses (coca, eau gazeuse) semblent faire du bien.
Ici, on consomme des feuilles de coca. Le plus simple, c’est d’en macher les feuilles. On en machouille deux puis on les coince dans la joue. Contrairement au maté qui est très amer, la coca a un goût proche du thé et ce n’est pas désagréable. Autre solution, l’infusion. On fait tremper des feuilles dans de l’eau chaude, ou acheter des sachets, comme pour du thé, avec différents aromes.
En ce qui concerne la géographie de la Bolivie, vous pouvez voir sur cette superbe carte qu’on est pas mal en altitude, et qu’à peu de choses près ce qui n’est pas dans la cordillière est dans la jungle. Nous avons également pu constater que durant notre voyage dans ce coin d’amérique du sud (à travers Chili, Bolivie, Pérou, Equateur) nous allons longer la cordilière une bonne partie du temps !
Geysers
A environ 10 kilomètres du volcan Putana on trouve des geysers. Ici, on est à 4900, le plus haut de tout ce périple. L’eau bouillante est entre 280 et 300°. Le volcan est semi-actif, mais l’activité des geysers est permanente : à toute heure du jour et de la nuit on peut voir des fumerolles à la même hauteur. Ces décors rappellent ceux de Rotorua en Nouvelle-Zélande – en plus colorés -, car il s’agit de geysers de souffre. Il y a également des piscines de boue (tout aussi bouillante) avec des bulles de gaz qui font jusqu’à 50cm de haut !
C’est différent des geysers de San Pedro, les geysers du Tatio, que nous ne sommes pas allés voir. Il s’agit de geysers d’eau qui sont projetés en l’air grâce à une différence de pression, pression qui est dépendante de la différence de température entre la zone volcanique et l’air. Ainsi, plus il fait froid à l’extérieur, plus la différence de température entre l’air et le sol est forte, et plus les geysers projettent de l’eau haut. C’est pourquoi les expéditions partent à 4h30 du matin, car au lever du soleil ce gradient de température est le plus grand de la journée et permet les décors les plus impressionnants. Cet article explique bien le fonctionnement.
Animaux
Au cours de ces trois jours, nous avons vu différentes variétés d’animaux.
Vicuna, lama, guanacos, 3 membres de la même famille.
Les lamas ont une fourrure plus épaisse et sont plus grand que les autres. Guanacos et Vicunas se ressemblent beaucoup, mais les guanacos ne montent pas à plus de 3500m, et leur queue fait un ponpon.
Nous avons également rencontré des Vizcacha, sorte de gros lapins. On en reparlera !
En altitude habitent également les « zorro andinos », les renards andins. Chouette bestiole (vidéo pas de nous).
https://www.youtube.com/watch?v=OS1wLsh4mWM
Il existe également plusieurs variétés de flamands roses.
Laguna colorada
Colorado, en espagnol, ça veut dire rouge. C’est la couleur de la lagune, qui est dûe à une algue microscopique. Cette algue est mangée par les nombreux flamands roses et c’est ça qui leur donne leur couleur.
Le lendemain on est retourné sur cette lagune pour l’observer depuis un autre angle, l’aspect est très différent !
Fin du jour 1
Aussi fou que cela puisse paraître, on a vu tout ce qui précède en une journée (c’est dire si le programme des agences est chargé). On a dormi à 4900m, épuisé par l’altitude. A cette hauteur, on cherche son souffle quelques instants après avoir fait des choses très simples : traverser le bâtiment pour se laver les dents, vider son sac, faire son lit…
Comme à San Pedro le ciel nocturne est très beau : il y a peu de pollution lumineuse dans un désert encerclé par les montagnes ! Cependant impossible de rester longtemps dehors à cause du froid et du vent.
On s’est couché à 20h30 et 10mn plus tard, je pense que tout le monde dormait.
Árbol de Piedra
A 4500m se trouve une formation géologique particulière : les arbres de pierre. L’érosion causée par le vent et la pluie sculpte des pierres dans des formes assez particulière.
Ici, comme depuis le début, on est en face du chili, devant le Cierro Ciloli, de toutes les couleurs. En fait, l’itinéraire qu’on a suivi longe les montagnes frontalières avec le Chili pendant une bonne partie du trajet.
Cerro de colores
Laguna honor
Les lagunes, c’est pas ce qui manque ici, hein !
Canyon aux Vizcacha
En traversant un canyon, plein de vizcacha sortent leur tête, habitués à ce que les 4×4 de touristes leur tendent des gâteaux.
Volcan Ollyaque
Semi-actif, de la fumée sort d’un des sommets. Il est à 4800m, et on l’observe depuis 4100m. Autour, les décors volcaniques semblent -c’est en train de devenir une habitude- venus d’un autre monde.
Hostal de sal
On passe la nuit du second jour dans un hotel de sel. A part les fondations et la salle de bain, presque tout est fait en sel : les tabourets et les tables de la salle commune, le sol, les murs en brique de sel, l’encadrement des fenêtres, le support des lits… Très original !
Le coucher de soleil avec des lamas dans le champ de vision, un spectacle pas courant et ô-combien dépaysant !
Salar d’Uyuni
Le salar est à 3650m, c’est le plus haut au monde. On y trouve du sel et du lithium, deux des richesses du pays.
On vote pour décider s’il faut se lever ou non pour le lever du soleil. A 5 contre 6 on décide que oui. On aurait vraiment vraiment regretté que le non l’emporte !
Réveil à 4h du matin pour aller voir le lever du soleil, vers 6h30. C’est un des paysages les plus fantastiques de ce voyage : une étendue qui semble s’étirer à l’infinie, plate et blanche, recouverte de sel. Une fine pellicule d’eau (2-3cm peut-être) recouvre une partie du salar et au lever du soleil, tout se reflète dedans. Les gens, le soleil, les nuages. Unique.
plus de photos du lever de soleil dans la galerie.
Isla Incahuasi
Après le lever du soleil, nous sommes allés prendre le petit déjeuner à la Isla Incahuasi. Au milieu du salar, c’est une île de roches volcaniques sur laquelle pousse une forêt de cactus. On croirait une hallucination tellement c’est inattendu.
Dans la forêt, les arbres font jusqu’à 10-15m de haut. C’est encore une fois très impressionnant !
Shooting photo
Je ne sais pas pourquoi, ni comment c’est arrivé, mais il y a un grand classique au milieu du salar d’uyuni : profiter du décor parfaitement plat et blanc pour faire une séance photos décalée en jouant avec la perspective. Pourquoi ici et pas ailleurs ? Mystère. En tout cas on s’est livrés à cet amusant exercice. Manger une pomme géante, empêcher un dinosaure de manger quelqu’un, écraser des personnes minuscules, habiter une chaussure… L’imagination est la limite !
Sur Google Images vous pourrez voir que certains ont vraiment beaucoup d’imagination !
Fin du trajet vers Uyuni
Après les nombres étapes fantastiques de la matinée, la fin du trajet est bien fade en comparaison. On nous amène à un hotel de sel, le premier soi disant (OK, mais on a dormi dans un hotel de sel la veille, on s’en fout non ?). Puis on nous balade devant une statue en sel du Dakar. C’est une des grandes fiertés d’Uyuni : la ville a servi à plusieurs reprises de point de départ à la course. Avant de nous déposer dans Uyuni, on s’est baladé au milieu des cadavres de métal du cimetière de train de la ville, vestiges rouillés des protagonistes depuis longtemps délaissés de l’époque glorieuse où l’on transportait l’argent des mines alentours à la vapeur, au début du XXème.
c’est beau!!! entre deux Darwin sur le recouvrement avec Christophe…