Après une étape par Santiago (j’en reparlerais, nous y sommes passés deux fois), nous sommes allés passer quelques jours à Valparaiso. C’est une ville très particulière. Est-elle particulièrement belle ou au contraire d’une intense laideur ? Selon les jours, notre ressenti a pu pencher des deux côtés !
La ville a grandi par accident. Au départ, elle devait simplement servir de port pour Santiago… mais elle a grandi et on a construit toujours plus de maisons sur les pentes des collines avoisinantes. Les maisons se sont ajoutées sans aucune structure, et on peut passer de nombreuses heures à déambuler dans les dédales de ruelles. On peut profiter du charme désuet des six funiculaires encore en activité, qui offrent parfois des vues spectaculaires sur la ville.
C’est une ville appréciée des artistes, et aujourd’hui, c’est aussi la capitale de l’art urbain dans le pays. L’atmosphère qui s’en dégage est en apparence très chaleureuse grâce aux nombreuses maisons colorées. Selon la légende, les marins auraient fait peindre leur maisons car ils trouvaient que c’était plus simple pour rentrer chez eux quand ils avaient bu un peu trop de pisco !
Nous y étions pendant le « cerro abajo », une compétition de VTT de descente assez dingue qui consiste à descendre la colline à travers la ville, escaliers, les cours, etc.
En plus des nombreuses couleurs, on trouve des nombreuses peintures murales, beaucoup sont vraiment très belles. Partout dans la ville, il est difficile de trouver des surfaces qui n’aient pas été peintes, alors à moins de se balader en regardant les nuages, impossible de les manquer. Le problème c’est qu’on trouve aussi énormément de tags et de vandalisme, qui eux aussi sont inratables et détruisent tout simplement la beauté des lieux. Dans le centre historique, ça va encore, il y a une sorte de respect autour des plus belles œuvres qui sont relativement peu endommagées, mais dès qu’on s’éloigne un peu, ça devient vraiment n’importe quoi, très loin de toute forme d’art.
Ajoutons à cela le fait que la ville est construite autour d’un immense port et le bilan est plus mitigé. Néanmoins on a adoré et on aurait pu y passer plus de temps.
Maison de Pablo Neruda
On ne connaissait pas Pablo Neruda, mais on a commencé par visiter sa maison à Valparaiso pour découvrir son univers; poète, homme politique, collectionneur de tout, passionné par la mer alors qu’il en avait peur, il a passé sa vie dans de nombreux pays et ses maisons sont un hommage à la mer. La Sebastiana, un de ses maisons, donne sur la baie. Son bureau, tout en haut, en rempli d’objets marins.
Ses poèmes lui ont valu un prix Nobel de littérature en 1971. Son ouvrage le plus connu s’intitule « 20 poèmes d’amour et une chanson désespérée ». On peut lire certains de ses poèmes sur Internet, ici par exemple.
Tant que je suis dans les artistes, un de mes auteurs de BD préféré est chilien. Jodorowski est célèbre pour son univers futuriste décalé dans l’incal, ainsi que dans ses dérivés, comme l’excellent (mais très trash) « La caste des méta barons ». Côté cinéma, il a également réalisé La montagne sacrée en 1973, un truc totalement barré qui est apparemment devenu un film culte. Le film est bourré de métaphores historiques pas toujours faciles à cerner (vous avez peut-être entendu parler d’une critique des conquistadores avec des grenouilles qui envahissent une maquette de pyramide, c’est là dedans). Sachez aussi que le film dure 3h et qu’il y a environ 1h30 d’introduction pour présenter les différents protagonistes, bref c’est assez pénible à regarder donc préférez ses BD car j’ai du mal à conseiller son visionnage !
Un paquet de street art
Le street art est apparu au Chili dans les années 70, par opposition à la propagande du gouvernement sous Pinochet. Le message était donc politique, puis il a évolué pour devenir plus généralement artistique, et Valparaiso est devenu la capitale du street art vers les années 2000. Des artistes viennent du monde entier y peindre.
J’étais parti pour en parler plus en détails, mais cet article contient déjà la plupart des informations qu’un guide nous a fourni lors de notre visite. Je vais plutôt vous parler de quelques artistes qu’on a trouvé très chouettes.
Pour les autres, j’ai fait une graaaande galerie flickr avec environ 350 graffitis. J’ai essayé d’en sélectionner des jolis, autant que possible en bon état. Cette série photo étant une sélection, elle n’est donc pas représentative de l’état de la ville, où le vandalisme est hyper présent.
inti
inti ou itni est probable l’artiste urbain le plus connu au Chili. On avait déjà vu ses immenses fresques à Santiago, à côté de Bellas Artes, la station de métro à côté du musée des beaux-arts. Il peint des personnages traditionnels andins auxquels il ajoute dans les détails qui évoquent les interrogations du peuple (une femme qui porte ses enfants sur le dos, un homme qui travaille à la mine, etc)
Daniel Marcelli
Sa peinture est influencée par deux éléments très présent au chili : la pêche et la religion. Beaucoup de ses peintures représentent des poissons à corps d’homme, aux pieds marqués par la crucifixion. Son idée, c’est de symboliser les sacrifices que doivent faire les chiliens pour s’en sortir. Lui aime bien les trucs immenses aussi et quand on est passait, il avait « réservé » environ 100m de murs pour y peindre ses poissons.
Un kolor distinto (« une couleur différente »)
Une couple d’artiste, Jekse et Cines, peignent des couples. Ils sont particulièrement connus au Chili, et ils commencent à être connus à l’étranger. Ils font dans le géant, avec en ce moment une série « 4 saisons » à Valparaiso : 4 peintures géantes sur 4 immeubles de plusieurs dizaines de mètres de haut, plusieurs semaines de travail à chaque fois avec des échafaudages. Ils sont absolument partout dans Valparaiso, et ont notamment un quartier (celui où ils habitent) avec quasiment que des peintures à eux.
Vida in gravita
Un crew de quelques artistes qui font de grands murs avec un style réaliste abstrait.
Dana Pink
Une chilienne aux peintures très girly, dont le style est influencé par son voyage en Asie : les filles qu’elle peint ont de grand yeux et ressemblent à des princesses.