Tout le monde connait au moins de nom la grande muraille de Chine. Ce mur imposant, de plusieurs milliers de kilomètres, traverse la chine pour l’isoler de l’invasion Mongole. Sa grandeur est une question de point de vue : les chinois sont particulièrement fiers d’avoir construit un édifice aussi massif, et les mongols se vantent d’avoir été des terreurs au point d’avoir forcé leurs adversaires à construire une défense pareille. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment une réussite car le mur n’est pas continu, il s’agit en fait de plusieurs murs. Quand on est à Beijing, aller y faire un tour faire partie des excursions immanquables.
Il y a plusieurs options pour aller sur la grande muraille. On a choisi de faire une section par nos propres moyens. C’est bien moins cher qu’en passant par une guesthouse. De plus, ce n’est pas très compliqué, mais ça l’est suffisamment pour décourager la plupart des gens. Cela permet d’atteindre des portions non proposées au tourisme de masse, on s’est dit que ça nous assurerait d’être tranquilles.
Après avoir épluché le routard, le lonely planet et wikitravel en long, en large et en travers, on a opté pour la section de Jiankou. C’est une section non rénovée, qui rejoint une section très touristique d’où il est ensuite facile de rejoindre Beijing à n’importe quelle heure. On préfère que ce soit compliqué de s’y rendre, mais facile de revenir : ça évitera du stress en fin de journée. De plus, la randonnée est raisonnable (2H30 annoncés), ce qui nous permet d’y aller à notre rythme.
La journée commence par une des joies d’être hébergés en banlieue : une heure de métro. Cela nous plonge surtout dans le quotidien de millions de Pékinois, et nous rappelle un des aspects les plus détestables de la vie parisienne.
On atteint le terminal de bus où l’on monte dans le 916快. Heureusement qu’on nous a prévenu qu’il existe le 916快 et le 916, car nous n’aurions jamais fait la différence ! Sur les conseils de notre hôte Jessie, on s’est levé à 6h pour que le bus ne soit pas pris dans les embouteillages à la sortie de la ville. Après une heure de bus, on descend à un autre terminal. Un peu avant, on ne se fait pas avoir : des mecs montent dans le bus, cherchent du regard les occidentaux. Il n’y a que nous, ils nous disent « Vous êtes arrivés ! Pour atteindre telle section, venez dans notre minibus ». On savait que c’était faux car on arrive à lire un peu de chinois. Le vrai arrêt était quelques stations plus loin et qu’en montant avec eux, les prix seraient gonflés. A l’arrêt de bus, on a pas de mal à négocier un taxi qui nous dépose à l’entrée d’un village. Ensuite, on marche pendant prêt de 2H à travers le village puis une forêt de pins, en se demandant pendant tout le trajet si on est sur la bonne piste.
On était bien sur le bon chemin, et on finit par atteindre une des tours, où une échelle en bois nous permet de monter sur le mur. Cette section du mur n’est officiellement pas ouverte au public, et de nombreux panneaux nous rappellent qu’il est interdit de s’y rendre. La Chine n’étant pas le pays de la cohérence, il y a malgré tout une sorte de péage avec un droit d’entrée ! Une fois sur le mur, on doit également tendre 10 yuan à une petite mémé. Pas sûr qu’elle soit vraiment officielle, mais elle vend également des boissons à un prix prohibitif : la loi de l’offre et de la demande, en ce lieu reculé, fonctionne plus que jamais. Allez, en avant !
On fait les divers goûters, le repas et les pauses à côté des tours. Avant de partir, on s’était acheté des fruits, des pains au chocolat-avec-des-haricots-rouge-à-la-place-du-chocolat (si vous un meilleur nom, je prends), quelques crêpes et des baozi en prévision de la journée pic nic.
Le fait que cette portion du mur ne soit pas rénovée rend également la balade difficile. Il y a de nombreuses pierres glissantes, beaucoup d’arbres et buissons, et les pentes sont souvent très raides. Les quelques tours sont en mauvais état, et il y a parfois des trous sur le mur. Cependant, on profite bien du décor et de l’absence quasi totale de monde : on rencontre seulement deux groupes de visiteurs sur la portion fermée.
Assis au calme sur le mur, on se projette au XIIIème siècle : sur les tours de guet les gardes surveillent une éventuelle incursion mongole, d’autres s’occupent de ravitailler les différents postes, d’autres encore font transiter un message important de tour en tour ou bien d’une tour à l’autre…
On se projette aussi pendant sa construction, et on a bien du mal à imaginer comment on a pu déplacer autant de pierres sur une telle distance. Avec 5m de large et 6-7m de hauteur en moyenne, il a fallu déplacer des millions de mètres cubes de terre et de matériaux sur les crêtes des montagnes de tout le pays, sur 6700 km. Le prix humain a été élevé, et il s’agissait de travaux forcés particulièrement difficiles. Les historiens parlent de 10 millions d’ouvriers morts au cours des différentes époques de la construction, qui s’est étalée sur plusieurs centaines d’années.
Par expérience, si vous voulez un bon documentaire sur le sujet, on vous déconseille Mulan 🙂
Au bout d’un moment, on arrive sur une section restaurée. Le changement de décor est radical : marcher n’est plus dangereux, il n’y a plus d’arbres sur le mur et on peut désormais voir le mur serpenter sur les montagnes. Les désormais nombreux groupes de touristes souffrent de la montée pénible mais nous, on est content, maintenant ça descend !
A l’arrivée à Mutyanyu, on se croirait à Disneyland. Un téléphérique, un télésiège et un toboggan permettent de redescendre. On a craqué et on a pris le toboggan, 2 minutes de descente !.. Pour rentrer, on s’est joint à un groupe de chinois qui allaient au terminal de bus. On monte dans un petit minivan, dont l’arrière est emménagé avec une dizaine de places : le chauffeur n’est pas officiellement taxi, mais il a décidé que les trajets dans ce secteur sont suffisamment lucratif et il en a fait son activité.
Une super journée !